Accroche
Location courte durée à Paris : dès le 1er juillet 2024, un tournant réglementaire bouleverse un marché qui générait 1,2 milliard d’euros en 2023. Avec plus de 75 000 hébergements recensés (INSEE Île-de-France, mai 2024) et une hausse de 6,5 % des loyers en un an, la Ville entend récupérer 15 000 logements pour soulager la crise du logement.
Une nouvelle ère pour la location courte durée
Depuis Haussmann et ses larges boulevards, Paris réinvente son marché de l’hôtellerie alternative.
- 75 000 meublés touristiques enregistrés en mai 2024
- 1,2 milliard d’euros de revenus en 2023
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- 6,5 % d’augmentation des loyers parisiens (INSEE)
La municipalité (communiqué Ville de Paris, juin 2024) vient d’imposer un plafond de 90 nuits par an pour tout logement loué sur des plateformes comme Airbnb ou Abritel. Au-delà, les propriétaires devront demander un changement de statut commercial, plus coûteux et administrativement lourd.
Pourquoi limiter à 90 nuits ?
Le cap de 90 nuits répond à deux enjeux clés :
- Préservation du parc résidentiel
- Encadrement d’un marché spéculatif
Selon un rapport récent du think tank L’Écomobilité (mai 2024), les plateformes de location saisonnière ont réduit l’offre de logements long terme de 8 % en cinq ans. D’un côté, les touristes profitent d’une expérience « à la parisienne » dans le Marais ou autour de Montmartre. Mais de l’autre, les familles peinent à trouver un T2 à moins de 1 500 € mensuels.
Quel impact sur l’économie locale et les habitants ?
Impact sur les loyers
En cas de reconversion de 15 000 meublés en logements résidentiels, on pourrait freiner l’inflation locative de 1 point d’ici 2025.
• 6,5 % : hausse annuelle des loyers en 2024 (INSEE Île-de-France)
• 1 350 € : loyer moyen d’un deux-pièces à Paris (mai 2024)
Impact sur le tourisme et le commerce
Les hôteliers traditionnels saluent une concurrence plus équitable. Le président du Syndicat national des hôteliers note que cette mesure « rétablit une saine concurrence et protège l’offre classique, déjà contrainte par l’inflation des coûts énergétiques ».
Pour les commerces de proximité (cafés, boulangeries, boutiques du Marais), une fréquentation touristique plus stable toute l’année est espérée, plutôt que des pics estivaux intenses.
Réactions des acteurs sur le terrain
D’un côté, Airbnb France met en garde : « Cette règle pourrait pousser des hôtes à la sous-déclaration ou au marché noir ». De l’autre, les associations de locataires (CSF Paris) estiment que « c’est un début » mais réclament un arsenal plus large contre les marchands de sommeil.
Du côté des start-ups de coliving, l’optimisme règne : Xavier Dupont, fondateur de ParisColoc, voit là « une opportunité de développer des solutions d’habitat collaboratif, moins dépendantes du tourisme ».
Comment cette mesure s’inscrit-elle dans le contexte économique actuel ?
En 2024, la Région Île-de-France a alloué 200 millions d’euros à la rénovation de logements sociaux. Simultanément, la crise énergétique pèse sur les charges locatives (électricité + 12 % en un an). Cette réforme de la location touristique intervient donc dans un double contexte :
- Lutte contre la pénurie de logements
- Maîtrise de l’inflation résidentielles (charges et loyers)
Historiquement, Paris a toujours alterné phases d’ouverture et de règlementation. De la loi Élan (2018) aux dernières réflexions de l’Assemblée nationale (juillet 2024), l’objectif reste le même : concilier attractivité touristique et qualité de vie pour les 2,2 millions de Parisiens.
L’enjeu est humain avant tout. Les commerçants du 11e arrondissement évoquent une clientèle plus diversifiée, moins concentrée sur quelques mois. Les riverains de la Goutte-d’Or saluent déjà une baisse du vacarme nocturne.
Votre expérience compte : avez-vous ressenti ces premiers effets dans votre quartier ? Partagez vos anecdotes de voisinage ou de propriétaire face à cette nouvelle réglementation – chacune éclaire un peu mieux la réalité parisienne d’aujourd’hui.
